🎾 Collège Gaston Bachelard Bar Sur Aube
33RUE GASTON BACHELARD 10200 BAR SUR AUBE (Voir le détail des coordonnées )(Masquer le détail des coordonnées ) Téléphone : 0325923535. Fax : 0325278900. E-mail : ce.0100902B@ac-reims.fr. Collège public. Partager : Envoyez
33rue Gaston Bachelard. BP 112. 10200 Bar-sur-Aube. Aube, Grand Est. Téléphone. 03 25 92 35 35. Fax. 03 25 27 89 00. Site web.
UP0xys9. À l’échelle du territoire communautaire, les transports scolaires sont assurés par la Communauté de communes de la Région de Bar sur Aube, qui oeuvre pour le compte de la Région Grand Est, qui par convention a délégué une partie de ses compétences en matière de transports scolaires à la CCRB. Dans ce cadre, les élèves de la Communauté de Communes maternelles, primaires, collégiens, lycéens sont acheminés quotidiennement vers leur lieu d’établissement scolaire par les Courriers de l’Aube, les transports De Peretti et les cars de la EST CONCERNÉ ?Sont concernés les élèves de maternelles de plus de 3 ans, de primaire, de collèges et de lycées, fréquentant un établissement public ou privé du territoire, dispensant le type d’enseignement les inscriptions se font auprès de la Communauté de Communes de la Région de Bar sur Aube impérativement en juillet pour la rentrée de septembre. Inscrire votre enfant la CCRB vous fournit au début du mois de juillet, un formulaire pré-rempli que vous devez compléter, vérifier l’exactitude des renseignements portés et les modifier si nécessaire. Vous devez retourner ce formulaire à la CCRB avant la fin du mois de juillet. Vous recevrez alors une carte provisoire. Le Conseil Régional vous enverra un avis de recouvrement des sommes à payer, que vous devrez leur renvoyer avec votre la suite le Conseil Régional établit les cartes. Les cartes de transport définitives seront soit distribuée par les Mairies, à retirer en Mairie ou distribuées directement dans les coût annuel du transport par élève pour l’année 2015/2016 était de 860€ en moyenne pour le Conseil Départemental. Les tarifs de la carte de transport, applicables à la rentrée scolaire de septembre 2017, sont - Élève d’école maternelle et primaire 20€ - Collégien externe ou demi-pensionnaire 50€ - Collégien ou lycéen interne 30€ - Lycée externe ou demi-pensionnaire 100€ Attention votre paiement n’est pas à renvoyer à la CCRB avec votre formulaire d’inscription, mais au Conseil Régional en joignant l’avis de recouvrement des sommes à verser. En cas de perte ou de vol, le remplacement de la carte de transport sera facturé 15 € et 7,62 € s’il s’agit de la carte sans contact utilisée sur les lignes régulières.LES HORAIRESPour connaître les horaires de bus, rendez-vous sur le site du Conseil Régional en cliquant iciCONTACTPour toute information, vous pouvez joindre -la Communauté de Communes au ou par mail service Transports scolaires de la Région Grand Est au 03 26 70 77 50 ou par mail transports10
La 2de professionnellemétiers des transitions numérique et énergétiqueregroupe les métiers concernés par plusieurs grandes compétences professionnelles communes aux 7 spécialités de baccalauréat professionnel métiers de l’électricité et de ses environnements connectés, systèmes numériques option A sûreté des infrastructures, de l'habitat et du tertiaire, option B audiovisuels, réseau et équipement domestiques, option C réseaux informatiques et systèmes communicants, technicien en installation des systèmes énergétiques et climatiques, technicien de maintenance des systèmes énergétiques et climatiques, technicien du froid et du conditionnement d’ de cette 2de professionnelle pourra acquérir des compétences communes portant sur les activités de connaître les réseaux électriques, climatiques et de communication des bâtiments dont déploiement de la fibre optique et câblages informatiques VDIconnaître le fonctionnement des réseaux informatiqueslire, interpréter, modifier un schémaconcevoir et réaliser une installation électriquemette en service des automatismes, systèmes domotique objets connectés, capable de gérer l’énergie et la transformation des systèmes pour tenir compte des enjeux climatiques
1Un hymne Ă l’imagination JEAN-LUCPOULIQUEN jeanlucpouliquen RÉSUMÉ En suivant le parcours de Gaston Bachelard, depuis son enseignement au collège de Bar-sur-Aube jus- qu’à ses cours en Sorbonne, on dĂ©couvre une constante dans son attitude qui vise Ă accorder Ă un public de plus en plus large le droit de rĂŞver en prenant appui sur les arts et la littĂ©rature. Mots clĂ©sLittĂ©rature, arts, pĂ©dagogie, critique, philosophie. Gaston Bachelard o El derecho a soñar Un himno a la imaginaciĂłn RESUMEN Siguiendo la trayectoria de Gaston Bachelard, desde su Ă©poca de docente en la escuela de Bar-sur-Aube hasta los cursos que impartiĂł en la Universidad de la Sorbonne, descubrimos una constante en su acti- tud, que tiende a otorgar a un pĂşblico, cada vez más amplio, el derecho a soñar tomando como punto de partida las artes y la literatura. Palabras claveLiteratura, artes, pedagogĂa, crĂtica, filosofĂa. Gaston Bachelard or The right to dream A hymn to imagination ABSTRACT Following Gaston Bachelard’s career from his teaching at the secondary school of Bar-sur-Aube until his lectures at the Sorbonne university, we find act a constant in his attitude which aim to grant to a wider audience the right to dream leaning on the Arts and literature. Key wordsLiterature, arts, pedagogy, critic, philosophy. Le Droit de rĂŞverest le titre d’un livre posthume de Gaston Bachelard, paru en 1970 aux Presses Universitaires de France. Celui-ci contient un ensemble d’études, d’articles, de prĂ©faces que le philosophe a Ă©crits entre 1939 et 1962 et que l’éditeur a organisĂ© en trois parties respectivement intitulĂ©es Arts, LittĂ©rature, RĂŞveries. Se dessine Ă l’arrière plan de ces textes, que l’on peut envisager comme un hymne Ă l’imagination, la forme qu’a donnĂ©e Gaston Bachelard Ă son engagement auprès des artistes, des Ă©crivains et des poètes, des gens de culture et plus gĂ©nĂ©rale- 2ment de tous ceux qui lui semblaient tĂ©moigner d’un intĂ©rĂŞt pour la crĂ©ation et la vie ardente de l’esprit. Ă€ tous, il a accordĂ© le droit de rĂŞver, le droit d’imaginer, le droit d’espĂ©rer et donc le droit d’exister. Droit qu’il s’est très tĂ´t octroyĂ© pour mieux pouvoir ensuite le partager. Un tel droit ne relève pas d’un quelconque code civil mais plutĂ´t d’une constitution philosophique qui mobilise des couches profondes de l’être. Il implique ainsi une attitude, un rapport particulier Ă l’autre. Ă€ propos de Paul Eluard, Gaston Bachelard note dans Le Droit de rĂŞver Mettez au cĹ“ur de l’homme un germe de bonheur, une seule Ă©tincelle d’espĂ©rance, aussitĂ´t un feu nouveau, un feu dirigĂ©, un feu rationnel se met Ă l’œuvre dans sa vie entière1. Le philosophe, qui a connu le poète, a recours Ă une de ses images dans son LautrĂ©amont pour dĂ©finir sa mĂ©thode. Ainsi Ă©crit-il En fait nous ne pouvons nous comprendre clairement que par une sorte d’induction psychique, en excitant ou en modĂ©rant synchroniquement des Ă©lans. Je ne puis comprendre une âme qu’en transformant la mienne et il cite alors Paul Eluard, comme on transforme sa main en la mettant dans une autre2. Le terme d’induction que Gaston Bachelard a empruntĂ© au vocabulaire de la physique revient dans Le Droit de rĂŞver lorsqu’il soutien Jean Paulhan dans ses efforts pour renouveler la critique littĂ©raire. Le philosophe l’oppose Ă la lecture ato- mique et statique. Il remarque que Rares sont les critiques qui essaient un nouveau style en se soumettant Ă son induction. J’imagine, en effet, que de l’auteur au lecteur devrait jouer une induction verbale qui a bien des caractères de l’induction Ă©lectromagnĂ©tique entre circuits3. Nous voici donc Ă la racine de la relation qu’il va s’employer Ă Ă©tablir avec les hommes et leurs Ĺ“uvres, qu’elles prennent la forme de livres, de tableaux, de sculp- tures ou plus simplement d’actes Ă©lĂ©mentaires de la vie quotidienne. D’une sĂ©rie d’émissions de radio, diffusĂ©e par France-Culture en 1982, pour le vingtième anniversaire de la mort de Gaston Bachelard, on pouvait retenir ces quelques paroles de son ami graveur Albert Flocon. Celui-ci se souvenait d’un cou- sin fromager, venu de Bourgogne jusqu’à Paris, rendre visite au sage de la place Maubert. Il racontait comment le philosophe, en bon maĂŻeuticien, avait l’art de fai- re parler son interlocuteur sur ce qu’il connaissait le mieux, en l’occurrence de la fabrication des fromages. Et Albert Flocon d’ajouter dans ces entretiens on se sen- 1 Page 172. 2 LautrĂ©amont, Librairie JosĂ© Corti, Paris, 1939, page 119. 3 Page 181. 3tait toujours intelligent. Il vous l’avait permis en vous ayant posĂ© lui-mĂŞme une question intelligente. Pas de hiĂ©rarchie chez Gaston Bachelard, nous aurons l’occasion d’y revenir. Mais suivons d’abord le fil du temps pour retrouver ce qu’il a pu lui-mĂŞme induire chez ceux qui l’ont approchĂ©. Quelques tĂ©moignages ont pu ĂŞtre recueillis auprès de ses anciens Ă©lèves du Collège de Bar-sur-Aube4. Ils disent Ă la fois la rigueur d’un enseignement et son ouverture. On a construit une lĂ©gende autour de cette journĂ©e d’étĂ© oĂą Gaston Bachelard emmena sa classe en haut de la Montagne Sainte Germaine pour y faire cours. La fille du philosophe tient Ă le prĂ©ciser, l’expĂ©rience ne s’est produite qu’une seule fois. Il est certain pas contre qu’en dehors du temps scolaire, il se promenait Ă pieds dans la campagne environnante, que Suzanne l’accompagnait ainsi que cer- tains de ses Ă©lèves. Pierre Malgras a eu l’occasion de le relater Entre nous, on ne parlait pas de classe, il nous parlait de lectures qui nous ouvraient la cervelle. Il nous faisait lire des tas de choses qui Ă l’époque n’étaient pas connues; il nous a fait dĂ©couvrir tout le théâtre d’Ibsen, il nous a fait dĂ©couvrir dès cette Ă©poque-lĂ Pirandello. Il nous a expliquĂ© les premiers livres de Freud qui commençaient Ă ĂŞtre traduits5. Ces Ă©changes sont Ă situer avant 1930, annĂ©e oĂą le philosophe partira enseigner Ă Dijon. Ils nous montrent combien la littĂ©rature occupait dĂ©jĂ une place de choix dans sa vie. En consultant les lettres qu’il a adressĂ©es Ă Jean Paulhan6, le directeur de laNouvelle Revue Française —cette publication autour de laquelle se sont retrou- vĂ©s les plus grands noms de la littĂ©rature française du vingtième siècle— on en a confirmation. En effet dans une correspondance datĂ©e de l’annĂ©e 1937, Gaston Bachelard fait Ă©tat de son abonnement Ă la revue depuis 18 ans. De nombreuses pages de la Nouvelle Revue Française ont donc alimentĂ© cette rĂŞverie qu’il a souhaitĂ© ensuite induire chez ses Ă©lèves du Collège, dont Bernard Prieur, Daniel Giroux et Pierre Malgras, qui en ont gardĂ© mĂ©moire toute leur vie. Il est intĂ©ressant de revenir sur le souvenir du dernier citĂ©, concernant une famille bourgeoise de Bar-sur-Aube, qui avait retirĂ© son fils de l’établissement afin qu’il ne fasse pas sa philo avec un professeur d’extraction jugĂ©e trop modeste. Le droit de rĂŞver n’entrait pas dans leur conception de la rĂ©ussite sociale. Des dix annĂ©es passĂ©es Ă Dijon voici quelques Ă©lĂ©ments qui vont dans le sens d’une amplification de la pratique de rĂŞverie et de la frĂ©quentation de ceux qui la sti- mulent. En 1982, France-Culture rediffusa aussi des entretiens enregistrĂ©s en 1957 entre Gaston Bachelard, Robert Ganzo et François Dagognet. Il y Ă©tait question de la mai- 4 TĂ©moins de Gaston Bachelard suivi de Gaston Bachelard, travailleur solitaire, Association des Amis de Gaston Bachelard, Bar-sur-Aube, 1985. 5 Pages 33-34. 6 Lire Ă ce sujet Pages d’histoire et de critique littĂ©raires autour de Gaston Bachelard et Jean Paulhan, ThĂ©lème, vol 18, 2003, pp. 91-98. 4son achetĂ©e au 69, Quai François Galliot. Ă€ ses interlocuteurs le philosophe rappel- le les quelques fĂŞtes qui y furent donnĂ©es l’étĂ© avec des amis descendus de Paris. En lisant les mĂ©moires de JosĂ© Corti7, on apprend par exemple que l’auteur de L’Âme romantique et le rĂŞve, Albert BĂ©guin, Ă©tait un de ces hĂ´tes de passage. C’est une tra- ce tangible d’un rapport avec la littĂ©rature qui passe dĂ©sormais par l’échange avec les auteurs eux-mĂŞmes. Gaston Bachelard en vient aussi Ă Ă©voquer son amitiĂ© avec le philosophe et romancier bourguignon Gaston Roupnel, Ă qui il consacra son essai L’Intuition de l’instant8. Il serait faux de dire que son intĂ©rĂŞt pour l’art date de sa rencontre avec l’auteur de Siloè. Le tĂ©moignage de Daniel Giroux en atteste. Celui-ci après avoir Ă©numĂ©rĂ© les auteurs dĂ©couverts Ă Bar-sur-Aube grâce Ă Bachelard DostoĂŻevski, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Edgar Poe, ValĂ©ry, Proust ajoute les noms de peintres impressionnistes. C’est lui qui m’a rĂ©vĂ©lĂ© les jeux de lumière de certaines toiles de Renoir, en particulier La Balançoire’, et le jaune de Van Gogh, ’un or butinĂ© sur mille fleurs, Ă©laborĂ© comme un miel solaire’’9explique Daniel Giroux. Il semble pourtant que la rencontre avec Gaston Roupnel a permis Ă Gaston Bachelard de mesurer plus profondĂ©ment le rĂ´le que pouvait jouer l’art dans sa vie. L’Intuition de l’instant est explicite Ă cet Ă©gard. ...Mais encore une fois, si l’Art, comme la Raison, est solitude, voici que la Solitude c’est l’Art mĂŞme. Après la souffrance, nous sommes rendus Ă la hautaine solitude de notre cĹ“ur... alors, notre âme qui a rompu ses chaĂ®nes infâmes, rentre dans son temple enseveli» et M. Roupnel continue L’Art est l’écoute de cette voix intĂ©rieure. Il nous apporte le murmure enfoui. Il est la voix de la conscience surnaturelle qui siège en nous sur le fonds inaliĂ©nable et perpĂ©tuel. Il nous ramène dans le site primordial de notre Etre et dans le Lieu immense oĂą nous sommes dans l’Univers entier. Notre parcelle misĂ©rable y prend son grade universel...10 confie Gaston Bachelard dans ses pages oĂą l’on peut deviner par quelles Ă©preuves il est passĂ© après la mort de son Ă©pouse. L’Art offre Ă Gaston Bachelard le droit de rĂŞver et par lĂ -mĂŞme ouvre Ă sa solitude des chemins d’infini. Autour de la demeure de Dijon, les entretiens radiophonique de 1957 s’attardent pour savoir si elle correspond Ă la maison onirique, celle qui est dĂ©crite dans La PoĂ©tique de l’espace11. Le philosophe s’en dĂ©fend. Il prĂ©cise qu’il n’y avait pas une vraie cave car on n’y descendait pas par un escalier en colimaçon, que le grenier n’était pas un vrai grenier, car on y trouvait des chambres. Il attire par contre l’at- tention sur la terrasse oĂą il pouvait mĂ©diter Ă l’ombre du tilleul, sur le jardin et ses 7 Souvenirs dĂ©sordonnĂ©s, rééditĂ© dans la collection domaine français, Ă©ditions 10-18, Paris, 2003. 8 Paru chez Stock en 1932. 9 TĂ©moins de Gaston Bachelard, page 56. Il est intĂ©ressant de noter que les mots utilisĂ©s pour quali- fier le jaune de Van Gogh sont empruntĂ©s Ă la page 39 du Droit de rĂŞver,dans le texte intitulĂ© Le peintre sol- licitĂ© par les Ă©lĂ©ments. 10 Page 98, de l’édition de 1966, dans la collection MĂ©diations, Gonthier, Paris. 11 ÉditĂ©e cette mĂŞme annĂ©e 1957 aux Presses Universitaires de France. 5cerisiers, si beaux lorsqu’ils sont en fleurs. Il reconnaĂ®t que l’endroit Ă©tait propice Ă ses rĂŞveries sur le repos. Gaston Bachelard a beaucoup perdu lorsqu’il est venu Ă Paris, en ce qui concer- ne le cadre naturel que Dijon et la Bourgogne lui offraient pour ses mĂ©ditations. Quitter Bar-sur-Aube avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© un arrachement. Mais Ă Paris, il allait pouvoir Ă©largir son audience auprès des Ă©tudiants et plus tard auprès de ses lecteurs. Les rap- ports qu’il avait initiĂ©s dans la capitale bourguignonne avec les crĂ©ateurs allaient enfin devenir un Ă©lĂ©ment important de son quotidien et trouver une dimension inĂ©galĂ©e jusque-lĂ . Nous disposons, par ses Ă©tudiants, de quelques comptes rendus des cours que donna le philosophe en Sorbonne Ă partir de 1941. Plusieurs d’entre eux sont deve- nus des Ă©crivains ou des poètes. Ces cours, Gaston Bachelard l’a expliquĂ© Ă la radio, se divisaient en deux parties. Ă€ cĂ´tĂ© de la philosophie des sciences, il bĂ©nĂ©ficiait selon sa propre expression d’une sphère de libertĂ©qui lui permettait d’aborder des questions de philosophie gĂ©nĂ©rale. C’est de ces cours que sont nĂ©s des livres com- me L’Eau et les rĂŞves, L’Air et les songes,respectivement paru en 1942 et 1943. Voici comment le poète Georges Jean nous en parle J’avais eu le privilège en 1942 et 1943 de pouvoir suivre Ă la Sorbonne les leçons que Bachelard donnait alors, passant d’une rĂ©flexion Ă©pistĂ©mologique dense et serrĂ©e sur les dĂ©marches de la physique mathĂ©matique et de la mĂ©ca- nique quantique au cours de la première heure, Ă d’étourdissantes variations sur l’imagination de l’air». Nous Ă©tions quelques-uns Ă tenir» tout au long de la première sĂ©quence pour avoir une place lorsque la poĂ©sie ferait son entrĂ©e. Cette expression n’est pas une image, car effectivement, au moment oĂą Bachelard retournait, comme il disait son tablier ainsi que le MaĂ®tre Jacques de Molière, les poètes arrivaient et c’est Ă l’occasion d’une interclasse» que nous reçûmes le prĂ©cieux fascicule d’Eluard PoĂ©sie et vĂ©ritĂ© 42qui contenait LibertĂ©12. La romancière Nadine Lefebure, elle-aussi Ă©tudiante Ă cette pĂ©riode, montre par son tĂ©moignage, le rĂ´le jouĂ© par le philosophe auprès de toute une jeunesse boule- versĂ©e par la deuxième guerre mondiale, lorsqu’elle raconte Pour toute une gĂ©nĂ©ration, Bachelard, c’est un temps de respiration. Les dĂ©butants que nous sommes suivent mĂŞme les cours d’agrĂ©gation, des agrĂ©ga- tifs viennent en cours de licence et d’autres encore, Ă©crivains, artistes, bien plus âgĂ©s que nous tous, s’y ressourcent en vitalitĂ©, en joie, en Ă©merveillement. Il faut s’y prendre tĂ´t pour trouver une place assise, on se bouscule dans l’am- phi bourrĂ©, les retardataires restent debout dans la salle. Une malice perpĂ©- tuelle dans les yeux, sa grande barbe noire et blanche, sa chevelure mousseu- se l’aurĂ©olant, rayonnant de bontĂ©, marchant en long et en large sur sa chaire, agile, presque sautillant malgrĂ© son embonpoint d’un autre siècle. Bachelard impressionne, il passionne, il amuse. Le temps de ses discours, on Ă©chappe au triste poids de l’occupation13. 12 Bachelard l’enfance et la pĂ©dagogie, Editions du ScarabĂ©e, Paris, 1983, pp. 11-12. 13 TĂ©moignage publiĂ© dans le Bulletin nÂş 4 des Amis de Gaston Bachelard, Bar-sur-Aube, 2003. 6Le philosophe accorde dĂ©sormais son droit de rĂŞver bien au-delĂ du cadre Ă©ducatif. Nadine Lefebure nous le montre, son public est aussi composĂ© de poètes et d’artistes. Si le livre lui-mĂŞme Le Droit de rĂŞver centre la partie consacrĂ©e Ă la littĂ©rature sur des poètes et Ă©crivains cĂ©lèbres comme Balzac, Edgar Poe, Rimbaud, MallarmĂ©, Paul Eluard, Jean Paulhan, il n’en est pas de mĂŞme des autres ouvrages de Gaston Bachelard, fruits d’une pratique de lecture particulièrement large. Il aurait pu certes camper dans les hautes sphères de l’écriture et s’en tenir lĂ . Accueilli dès 1938 dans les pages de la Nouvelle Revue Française, n’est-il pas au mĂŞme sommaire que Pierre Jean Jouve, Jean-Paul Sartre, Audiberti, Paul Claudel et AndrĂ© Chamson14? Mais une telle attitude Ă©tait contraire Ă une philosophie qui va chercher le rĂŞve et l’imagination partout oĂą l’activitĂ© humaine en fait preuve. Il faut le dire, une telle option ne pouvait plaire Ă un milieu littĂ©raire soucieux de garder ses prĂ©rogatives. Dans ses Agendas, Jean Follain note que RenĂ© Char disait ne pas vouloir lire un homme qui citait tellement de mauvais poètes15». C’était ne pas comprendre Gaston Bachelard que de manifester une telle position. D’abord toutes les images des poètes qu’il a retenues pour ses livres ont leur pertinence et leur valeur dans le propos. On pourrait mĂŞme dire que d’une certaine manière Gaston Bachelard a recours Ă la technique du collage pour sa propre Ă©criture. Et si tel Ă©tait le cas, les mauvais poètes’ lui ont permis d’écrire des chef-d’œuvres que l’on lit toujours. Mais il faut chercher ailleurs les raisons de sa dĂ©marche. Il s’en explique dans La PoĂ©tique de la rĂŞverie.Sans l’aide des poètesȎcrit-il que pourrait faire un phi- losophe chargĂ© d’ans qui s’obstine Ă parler de l’imagination?» et il ajoute plus loin Les poètes abondent, les grands et les petits, les cĂ©lèbres et les obscurs, ceux qu’on aime et ceux qui Ă©blouissent. Qui vit pour la poĂ©sie doit tout lire. Que de fois, d’une simple brochure, a jailli pour moi la lumière d’une image neuve !16. Dans ses entretiens radiophoniques avec Robert Ganzo et François Dagognet, il avait dĂ©jĂ eu l’occasion de le prĂ©ciser, montrant ces images de poètes inconnus com- me quelque chose qui n’a pas Ă©tĂ© dit, une variation, une petite dĂ©licatesse qui vient vraiment du fond, très simple, de l’âme humaine. De telles paroles ne sont pas sans consĂ©quences. D’abord pour Gaston Bachelard lui-mĂŞme. C’est dans les annĂ©es cinquante qu’il faut situer l’intensifica- tion de ses relations avec les poètes. Le peintre Jean Thomas qui lui avait rendu visi- te Ă cette Ă©poque se rappelle que le philosophe lui avait montrĂ© une petite pile d’en- viron quinze centimètres de hauteur qui correspondait aux recueils et plaquettes de poĂ©sie qu’il venait de recevoir. Et cela se reproduisait presque chaque jour. 14 NumĂ©ro du 1eraoĂ»t 1938, 26eannĂ©e, nÂş 299. 15 Collection Pour MĂ©moiredirigĂ©e par Claire Paulhan, Seghers, 1983, page 519. 16 La PoĂ©tique de la rĂŞverie,Presses Universitaires de France, 1960, page 23. 7L’ami des poètes prenait soin de rĂ©pondre Ă chacun des envois. Qui a eu la pos- sibilitĂ© de lire quelques unes de ses lettres adressĂ©es en retour17verra qu’elles sont une prĂ©figuration des livres que le philosophe a Ă©crit Ă cette Ă©poque. Gaston Bachelard cherche l’image qui rĂ©sonne en lui profondĂ©ment. Dans le meilleur des cas, il la retient pour la citer dans un de ses chapitres. Il y a dans ses courriers une telle attention bienveillante que l’on peut imaginer le choc Ă©motionnel qu’il a pro- duit auprès du poète qui en a Ă©tĂ© le destinataire. C’est la deuxième consĂ©quence de cette amplitude de lecture. Il Ă©tait un phare pour les poètes qu’il rĂ©vĂ©lait Ă eux- mĂŞmes» dira Louis Guillaume Ă la radio, en novembre 1962, un mois après la mort de Gaston bachelard. Le droit de rĂŞver se poursuit. En accueillant toutes les poĂ©sies, en citant dans ses livres des poètes inconnus, le philosophe travaille Ă une sorte de dĂ©mocratisation de la pratique de crĂ©ation. Il ne la rĂ©serve pas Ă quelques privilĂ©giĂ©s. En ce sens il est en avance sur son temps. En 1964, deux poètes, Jean Breton et Serge Brindeau lancèrent un manifeste qui fit quelques bruits dans les milieux littĂ©raires. Il Ă©tait intitulĂ© PoĂ©sie pour vivre —le manifeste de l’homme ordinaire18. Ses auteurs s’en prenaient aux mandarins de la littĂ©rature et revendiquaient une poĂ©sie accessible Ă tous. Il n’est pas fortuit que dans la liste qu’ils prĂ©sentèrent des vĂ©ritables dĂ©fenseurs de la poĂ©sie, fĂ»t inscrit le nom de Gaston Bachelard. En 1968, une secousse plus forte encore secoua en France tout le corps social, initiĂ©e par les Ă©tudiants. Un de ses mots d’ordre Ă©tait L’imagination au pouvoir». Nous l’avons dĂ©jĂ Ă©voquĂ©, Gaston Bachelard a aussi cĂ©lĂ©brĂ© celle-ci au travers des arts plastiques19. Le chapitre du Droit de rĂŞver qui les concerne voyage entre les nymphĂ©as de Claude Monet, dans les pages de la Bible illustrĂ©e par Marc Chagall. Il tourne autour des sculptures de Henri de Waroquier et d’Edouardo Chillida, fait l’éloge de la main, se concentre sur les gravures d’Albert Flocon, les dessins de Marcoussis, les encres de JosĂ© Corti ou encore les peintures de Simon Segal. Nous sommes dans la mĂŞme logique. Il y a tout d’abord une frĂ©quentation du milieu. Suzanne Bachelard se souvient avoir accompagnĂ© son père Ă de nombreux vernissages d’exposition. Il y a ensuite des amitiĂ©s. Et puis ce souci constant d’ac- cueil de l’œuvre indĂ©pendamment de la notoriĂ©tĂ© de l’artiste. Gaston Bachelard applique Ă la critique d’art, le mĂŞme principe d’induction qu’il a dĂ©fendu pour la critique littĂ©raire. C’est ainsi qu’il peut tout aussi bien par- ler d’une Ĺ“uvre clef de l’impressionnisme que d’un dessin d’enfant. PrĂ©façant un livre de Juliette Boutonnier sur ce sujet20, il va jusqu’à écrire le dessin d’enfant, dans l’évidence de son jaillissement, est le tĂ©moignage d’une libertĂ© de dessiner inscrite dans la nature mĂŞme de la main humaine. 17 Lire en particulier le dossier rĂ©alisĂ© pour le Bulletin nÂş 4 des Amis de Gaston Bachelardconcernant les relations du philosophe avec le poète Louis Guillaume. 18 PubliĂ© une première fois Ă la Table ronde, rééditĂ© en 1982 au Cherche-Midi. 19 Lire Ă ce sujet Bachelard et les arts, Cahiers Gaston Bachelard, nÂş 5, UniversitĂ© de Bourgogne, 2003. 20 Les Dessins d’enfants, Editions du ScarabĂ©e, Paris, 1953. 8L’adulte a abdiquĂ© cette libertĂ©, a renoncĂ© Ă une gloire de la main. Il a durci lui-mĂŞme les censures qui ont arrĂŞtĂ© cette aptitude native. Les critiques d’art —critiques si abstraitement savantes, si dogmatiques, toujours systĂ©matique- ment sĂ©vères et moqueuses— empĂŞchent que nous revenions Ă notre boĂ®te de couleur’. On peut dès lors se demander si nous ne trouverions pas une voie libĂ©ratrice en essayant, dans ces Ă©clairs de jeunesse qui traversent heureuse- ment l’âge adulte, de faire encore des dessins d’enfant’. Pour rĂŞver et donner Ă rĂŞver, il ne faut pas ĂŞtre sous le joug d’un dogme. Bachelard critique d’art ne se moque pas mais glorifie. Les jeunes artistes lui en sont reconnaissants qui le sollicitent pour le catalogue de leur exposition. Lors du col- loque qui fut organisĂ© Ă Cerisy-la-Salle en 1970, autour de l’œuvre du philosophe, Albert Flocon en prĂ©cisa la raison Les rites veulent que, si on expose Ă Paris, il faille une prĂ©face et un prĂ©facier. Et il ajouta A l’égard des critiques en vogue, j’avais une mĂ©fiance idiosyncrasique. Je me disais C’est une prose rituelle, ce n’est pas ce que nous voulons...»21. Ceux qui se sont tournĂ©s vers Gaston Bachelard ont rencontrĂ© le critique dont les mots collaient au plus près de leur dĂ©marche. Bachelard possĂ©dait au plus haut point cette vertu si rare, Ă©couter les autres avec bienveillancerappela Ă ce mĂŞme colloque Laure Garcin22qui put aussi comp- ter sur le philosophe pour ses expositions parisiennes. On sait bien sĂ»r Ă quelle mĂŞme source de pensĂ©e se rattachent tous ces textes si gĂ©nĂ©reusement accordĂ©s. Laure Garcin en a elle-aussi tracĂ© les contours La crĂ©ation pour lui n’est pas seulement une simple transformation, mais —le mot est de lui— une dĂ©construction de tous les systèmes Ă©tablis. L’imagination, dit-il, est un devenir, elle n’a que faire du goĂ»t qui n’est que censure»23. Une anecdote relatĂ©e par Albert Flocon dans son intervention de Cerisy concer- ne la rĂ©action de Gaston Bachelard lorsqu’il apprit que le livre de gravures qu’il avait prĂ©facĂ© ne serait tirĂ© qu’à 200 exemplaires. Il n’était pas dans les intentions du phi- losophe d’écrire pour un cercle restreint. Il dĂ©sirait toucher le plus grand nombre. Une expĂ©rience dont il est question, Ă la partie RĂŞveriesdu Droit de rĂŞver, devait le lui per- mettre. Il s’agit de sa participation Ă de nombreuses Ă©missions radiophoniques. En 1946, fut confiĂ© au poète Jean Tardieu la direction du Club d’essai de la radio. Cette chaĂ®ne expĂ©rimentale qui exista jusqu’en 1959, peut ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme la prĂ©figuration de l’antenne nationale France-Culture’. Elle fut une pĂ©pi- nière de talents qui vivifièrent par la suite le monde des Arts, des Lettres et de la musique. Jean Tardieu l’ a dĂ©finie comme une Ă®le enchantĂ©e oĂą affluaient tous les sons, toutes les paroles de la vie et de l’imaginaire24». Gaston Bachelard peut en ĂŞtre considĂ©rĂ© comme le philosophe. 21 Colloque de Cerisy, 10/18, 1974, pp. 272-273. 22 Idem, page 279. 23 Idem, page 280. 24 Le Monde TĂ©lĂ©vision, Dimanche 7 janvier 2001, page 7. 9En 1950, il y donne une confĂ©rence sur le thème RĂŞverie et radio25. C’est alors que s’interrogeant sur cette parole qui se rĂ©pand Ă travers le monde, il crĂ©e le concept de logosphère. Pour lui, la radio a une fonction d’originalitĂ©. Elle ne peut se rĂ©pĂ©- ter». Il la voit comme un moye
collège gaston bachelard bar sur aube